ERIC EMMANUEL SCHMITT – La vengeance du pardon
Les éditions Albin Michel nous ont offert en août 2017 le livre "La vengeance du pardon" écrit par Éric-Emmanuel Schmitt qui comme toujours avec son écriture qui nous fait voir ce qu'il écrit, tellement bien décrite que l'on voit aisément le déroulement de l'action et que l'on pourrait peindre le fil de l'histoire. Cette fois il s'agit d'un recueil de quatre histoires, quatre destins qui chacun de leur manière nous amène dans un suspens psychologique où les sentiments les plus secrets et parfois les plus violents gouvernent leurs existences et qui à chaque fois nous intriguent.
Quatre histoires autour du pardon. Des jumelles se confrontent leur vie durant entre méchancetés et indulgence. Un étudiant séduit une fille un peu simple qui l’aimera à jamais. Saura-t-il réparer la vie que son égoïsme a brisée ? Une mère visite l’assassin de sa fille en prison. Un vieillard découvre qu’il a commis un crime durant la guerre. Comment vivre avec le mal perpétré sans le savoir ?
Dès le départ on se laisse séduire par la vie des jumelles, les soeurs Barbarin, de leur naissance à leur vieillesse en passant par leur type de vie, de caractère, de résilience ou de contestation, d'un mélange de sentiments ou de ressentiments selon le caractère de chacune et de ce que l'on fait avec ce que la vie nous offre. On demeure suspendu à chaque page pour voir comment cela se terminera. Pour Mademoiselle Butterfly, la question sous-jacente force le personnage principal à se demander si une fille simplette mais aimante vaut autant qu'une autre qui passerait mieux dans la société, selon ce que la jeunesse pense. Lorsque l'on viellit a-t-on la chance de réparer nos erreurs, les souvenirs vont-ils mener à une réparation ou un regret?
La vengeance du pardon nous montre une autre facette du pardon, pourquoi l'accorder, ce qu'on espère trouver, comment mener à bien la tâche que l'on s'est donnée et en lisant cette portion du livre on se rend compte que cela n'est pas évident. Cela nous montre le côté sordide des meurtriers en série, ce qui les a mené dans ce chemin, on aborde la possibilité de comprendre leur motivation et surtout pourquoi la mère d'une victime irait visiter le meurtrier de sa fille en prison ? une intrigue dont on a peine à voir venir la fin qui aurait pu être bien différente selon la qualité du coeur.
Dans dessine moi un avion, on est carrément touché par cette histoire qui nous ramène dans la vie de Saint-Exupéry avec par moment la légèreté, la naiveté et la puissance du petit prince qui sert de trame de fond pour une amitié entre un vieillard de 92 ans et une jeune fille qui adore son jardin et qui lui demande de lire le livre à répétition au point où il examine plus profondément la vie de l'auteur. Se superposent les agissements du vieillard qui se remémore sa jeunesse, la guerre, Hiltler et les atrocités faites en son nom par des soldats qui faisaient leur job sans penser plus loin, Répare ses erreurs n'est pas à la porté de tous et si c'est possible, comment s'y prendre. Un récit aux possibilités infinies qui offre la douceur de la rose qui vient malheureusement avec des épines acérées.
La fait d'avoir quatre histoires dans un livre de 335 pages vous permet de vous accorder des pauses multiples tout en terminant un sujet assez rapidement et en demeurant séduite tout au long par ces petites merveilles. En temps de confinement il est impératif de se changer les idées et de se permettre quelques fantaisies littéraires pour combler notre appétit d'aventures et vraiment se changer les idées en s'achetant des nouveaux livres et en les partageant avec d'autres lorsque l'on pourra se rapprocher après cette période de sécheresse émotionnelle qui ne permet pas les rapprochements.
Éditions Albin Michel – roman français – Eric-Emmanuel Schmitt – La vengeance du pardon – 335 pages – 31,95$