Festival international du conte Jos Violon – Concours de légendes!

Ce dimanche 20 octobre 2019 sur la scène du Vieux Bureau de Poste avait lieu le spectacle de clôture soit le concours de légendes avec Jocelyn Bérubé, Catherine Pierloz, Alexis Roy et Ariane Labonté. Jocelyn Bérubé devait défendre son titre face à des conteurs aguerris qui ont mis tout en œuvre pour rafler la palme de ce Concours de légendes. Un rendez-vous convivial en clôture du Festival international du conte Jos Violon, où tous les coups sont permis ! Le vote des juges étaient de 60% tandis que les spectateurs qui avaient rempli la salle à pleine capacité votaient pour leur favori grâce à un cube de bois qu'ils plaçaient dans une des quatre cabanes à oiseaux portant le nom des participants. Donc c'est le vote du public qui faisait pencher la balance, alors que le jury sacrera le grand gagnant 2019 !

Comme juges nous avions Michel Lessard (historien) qui était à sa troisième année comme juge, Olivier Turcotte qui a été notre Jos Violon pendant 10 ans ainsi que Christine Bricault du conseil québécois du patrimoine vivant, qui ont eu la lourde tâche d'analyser chacune des prestations sous tous les angles et ce n'était pas facile car la compétition était féroce cette année. Après l'accueil de Christiane Boutin, Directrice générale de la Maison natale de Louis Fréchette et les remerciements à tous ceux qui ont investi leur temps et énergie dans le festival cette année ainsi qu'aux bénévoles; on apprend que c'est le diable rouge qui a remplacé Jos Violon puis c'est Carole Légaré qui agit en tant qu'animatrice, nous présentant chacun des conteurs.

Alexis Roy Ombrage Le premier sur scène Alexis Roy voyage sur la route du conte depuis plus de 17 ans. Il a parcouru les territoires de la francophonie en racontant des histoires inspirées du répertoire traditionnel. C'est avec la complicité de l'auteure Johanne Alice Côté qu'il livre ses contes à rire. Sans hésiter, sur le bonheur de transmettre au public sa joie et son énergie, Alexis Roy vous amène dans un voyage imaginaire. Feu follet, loup-garou, revenant, quêteux et grigouze vous feront une place dans leur cabane à chimère. Ce soir il nous raconte une histoire qui s'est passée au temps perdu où on dansait même si c'était interdit, où on veillait chez le père Latulippe et un soir de mardi gras le diable est arrivé en voiture vêtu de noir pour essayer de voler l'âme de Rose, la fille de Latulippe, qui après maintes péripéties et entourloupettes a été sauvé de justesse grâce à un chapelet-collier que la grand-mère lui avait offert pour protection et au curé qui l'enveloppa de son étole et d'eau bénite. S'étant retiré dans un couvent à sa mort 3 ans plus tard, 3 hommes apitoyés étaient là, son père, le curé et son ancien fiancé, rumeur veut que chaque année on entend des violons joués s'élevant d'un tapis de rose.

Catherine Pierloz Ombrage Suivi de Catherine Pierloz, née à Bruxelles, qui pratique l’écriture, la lecture, la pensée disparate et la transmission viscérale. Elle mène un combat acharné contre les tyrannies de l’ego. Ordonner le monde et laisser le chaos mener la danse est son ambivalent combat personnel. Conteuse, elle a d’abord été du côté des récits longs parce qu’elle a davantage le souffle des diseurs d’épopée. Elle a participé à l’aventure du collectif de conteurs Le Lampadaire à Deux Bosses. Elle lit de la poésie dans des bars avec le collectif Les Crépusculaires. Puis elle est revenue aux récits longs, parce que c’est à leur rythme que s’accorde le mieux sa voix. Elle conte pour se tenir là où le récit ouvre une porte à l’inexistant. Ce soir on est dans un village des Ardennes, petite ville où on ne parle pas, on sait se taire pour ne pas déterrer les mémoires jusqu'à ce soir de Noël 1958 où on entend des cris provenant d'un petit chemin et d'êtres qui étaient revenus. Pendant que les villageois se dirigeaient cierges en main vers l'Église, Agathe curieuse s'approche du groupe tapis dans les bois qui vantait Yucali, pays de nos désirs...lorsqu'elle est découverte, elle se sauve et il la suive jusqu'à l'Église à la surprise de tous qui les regardent avec leurs particularités dont la femme à barbe, les soeurs siamoises, le cyclope, un homme serpent qui après avoir affolé les paroissiens les ont soudainement reconnus comme des enfants qu'ils avaient eu il y a bien longtemps et qu'ils avaient gardé dans leur coeur depuis trop longtemps, crier leurs noms a résonné comme une absolutin globale et ils sont tous devenus avec les oreilles grandes ouvertes aux merveilles du monde.

Ariane Labonté Ombrage Son langage en gage d’engagement, Ariane Labonté porte ses histoires aux adultes et aux enfants depuis plus de 12 ans. Ses contes sont sensibles et sensés, éthiques, poétiques et parfois politiques. Les jeux de mots s’y déploient avec amour, humour et philosophie. Ses acrobaties langagières débrident l’imaginaire. Bachelière en création littéraire, musicienne et conteuse, Ariane Labonté s’est produite sur plusieurs scènes et festivals en France à Montréal et plus encore. À ses contes, elle fusionne parfois slam, théâtre d’ombre, musique, marionnettes et cirque. Elle continue d'écrire et d'offrir ses histoires gorgées de poésie et d'engagement social...Et ce soir c'est à l'aide de ses marionnettes qu'elle nous parle du pas assez et du trop. Les trois personnages désirent pleins de choses et ont une lampe magique à portée de main et toute la confusion que cela comporte quand le désir devient plus gros que la panse. Avec trois chevaliers qui interviennent chacun à leur manière pour libérer les gens de cette grosse pieuvre qui voulait tout avaler, une fin que l'on pourrait écrire aujourd'hui.

Jocelyn Bérubé Ombrage Puis le défendant du titre, Jocelyn Bérubé né à Saint-Nil, village maintenant disparu, près de Matane, dans une région de Gaspésie appelée aujourd’hui « La Côte ». À 16 ans, comme trompettiste de l’Harmonie de Matane (diplôme de grade « supérieur » décerné par l’Académie de musique de Québec), puis stage au Camp musical du Mont-Orford où il s’inscrit en jeux dramatiques suivi d'une formation au Conservatoire d’art dramatique de Montréal (diplômé 1968). En 1969 fondation du Grand Cirque Ordinaire qui se vouait au théâtre de création collective et à l’improvisation, recherches aux Archives de folklore de l’Université Laval et, tout en apprenant le violon traditionnel, il s’exerce à conjuguer en spectacle conte et musique ; il est invité dans un grand nombre de festivals et fait des tournées à travers le Québec, au Canada, aux États-Unis, en France, en Allemagne et en Afrique. Composition de musiques pour le cinéma, le théâtre, la radio et la télévision et enregistré des albums de contes et musiques : Nil en ville 1976, La Bonne Aventure 1980, Portraits en blues de travail 2003, Le retour de Nil 2007 (compilation), Large et rivage 2013 et Des Héros ordinaires 2015.

Tout un parcours qui se poursuit de maintes façons mais ce soir c'est notre conteur qui est devant nous pour nous parler de la légende de l'Iles aux Grues, du petit bonhomme pas de tête qui a effrayé un gros pirate un lendemain de mi-carême soit Ti-Pit Boulay qui leur a parlé de ses déboires avec le petit bonhomme pas de tête très entêté qui s'en prenait aux ivrognes sans vergogne, à ceux qui n'avaient pas de tête sur les épaules. Ti-Pit était dans cet état par rapport au prix gagné pour le meilleur costume la veille soit une bouteille de rhum du Seigneur de l'Ile aux grues. Et lorsqu'il l'a rencontré, il ne pouvait pas lui faire une prise de tête car il n'avait pas de tête, pas lui cogner le pif car pas de tête . La Grosse Île dans le temps servaient de refuge à des milliers irlandais en quarantaine, victimes de tiffus. Certains disaient qu'il est reparti par une petite porte sans avoir a baissé la tête qui était invisible pour ceux qui avait peur de lui ou ne le regardait pas avec les yeux du coeur et d'autres disant qu'il avait perdu la tête en tombant en amour avec une dame trois fois plus grande que lui...alors à vous de choisir.

Une pause pour des bouchées et consommations puis on fait des tirages et c'est la remise des prix qui débute par la remise du trophée fait pour la victoire de Jocelyn Bérubé pour l'édition 2018 et dont la sculpture n'avait pas été faite en temps, donc Patrick de l'Atelier du Gosseux, lui en a fait un sur mesure (Jos Violon St-Nil) qu'il a été surpris de recevoir ce soir en plus de l'hommage pour le prix Gérard Morisset décerné par le gouvernement du Québec pour couronner l'ensemble d'une carrière consacrée au patrimoine pour 50 ans de carrière, dont le parchemin a été remis par Michel Lessard (qui lui a remis 2 de ses livres) et qui lui vaut une bourse de 30 000$. Après avoir remis un T-shirt du festival aux quatre participants, un décompte très serré a permis de remettre le nouveau trophée Jos Violon 2019 à nul autre que Jocelyn Bérubé qui n'en revenait pas de recevoir encore un autre honneur...se terminant sous une salve monstre d'ovation pour ces magnifiques contes et le partage qu'il en fait depuis toutes ces années.